Libérer la parole pour traverser l’inconcevable

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Depuis la parution de son livre Hablare – Je parlerai, publié à compte d’auteur, Janine Lefebvre reçoit de nombreux messages de lectrices et lecteurs touchés par son courage et la sincérité de son témoignage. Tous confirment la justesse de son geste : « libérer la parole. »

Ce recueil de textes intimes, écrits jour après jour à la suite du suicide de son fils Charles en 2008, n’avait pas été destiné à la publication. « J’ai écrit pour survivre », confie-t-elle simplement.

Une rencontre déterminante

Pamphile Guigonou Akplogan lors du lancement

Depuis 2020, des échanges profonds avec Pamphile Guigonou Akplogan, Ph.D., un ami du Bénin rencontré au sein du mouvement spirituel Les Amis de Maurice Zundel, ont transformé cette écriture de survie en un acte de partage. « Personne ne l’avait lu ni mon mari ni mes enfants », précise Janine.

Pamphile a été le premier. Profondément ému par la lecture du journal, il a perçu dans ces pages une lumière capable d’aider d’autres parents ou proches confrontés à la perte d’un être cher.

Pendant trois ans, il a relancé Janine pour qu’elle accepte de rendre publics ses écrits, « afin de soutenir, par la méditation et la réflexion, des parents et des personnes aux prises avec le suicide d’un enfant ou d’un être cher. »

Le passage à la publication

Ce n’est qu’après une rencontre marquante dans un groupe animé par Pamphile — auprès de personnes vivant avec des troubles de santé mentale — que Janine a finalement accepté.

« Je me souviens qu’il y avait quatre ou cinq personnes qui avaient fait des tentatives de suicide dans le groupe. Quelques jours après cette rencontre, j’ai donné mon approbation à Pamphile qui s’est occupé de tout », raconte-t-elle.

La publication du livre l’a toutefois confrontée à un moment difficile : se relire après tant d’années. « Une étape pénible, mais nécessaire », reconnaît-elle.

Janine Lefebvre

Une parole qui libère

Le lancement du livre s’est tenu au Manoir Ellice à Beauharnois, devant une salle comble. Les témoignages ont afflué, confirmant les paroles de son ami : « Tu n’as pas à avoir honte. »

Janine a alors pris conscience de l’ampleur du tabou entourant le suicide et du poids du silence qui l’accompagne. « Je pense que tout le monde, de près ou de loin, a été affecté par le suicide », confie-t-elle.

Un chemin de foi et de vie

Hablare – Je parlerai est bien plus qu’un récit de deuil : c’est un témoignage de vie, de foi et de transformation intérieure.

« J’ai eu de grandes grâces durant cette période. Ça ne console pas, mais cela élargit ton expérience de vie. En somme, j’ai exprimé comment j’ai baigné dans quelque chose qui m’a soutenue. »

Dans son livre, Janine évoque également son lien profond avec les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM) et son parcours comme personne associée SNJM, qui a nourri sa réflexion et sa résilience.

 

Et maintenant, une suite…

Encouragée par les réactions positives, Janine travaille à une deuxième édition enrichie de nouvelles réflexions et de photos. Des démarches auprès de certaines maisons d’édition ont été entreprises par des amis. Mais pour elle, le plus important reste l’essentiel : « Ouvrir les horizons et apporter du réconfort. »

Et pour s’imprégner de l’esprit de sa démarche, voici une citation de Lytta Basset présentée dans la préface signée par Pamphile :

« Pour peu que nous y consentions, la mort d’un proche nous introduit dans ce royaume de l’intériorité où tout se met à nous parler, y compris notre corps. C’est comme si chaque réalité de ce monde, chaque parcelle de notre être se doublait d’une part invisible, vibrante d’un sens inépuisable. »