
Sœur Marcelle Reid
« Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime! » (Jn 15, 13)
Le 25 décembre 2022, sœur Marcelle Reid,
en religion M.-Irène-de-Jésus,
s’est endormie dans l’espérance de la résurrection.
Elle avait 96 ans, dont 71 de profession religieuse.
Née à Montréal, Québec, elle était la fille
de Raoul Reid et d’Irène Hamelin.
Marcelle naît à Saint-Clément de Viauville et grandit dans la paroisse Saint-Pierre-Claver. Studieuse, déterminée et brillante en classe, elle termine son cours Lettres-Sciences à 17 ans au Pensionnat Mont-Royal, dirigé par les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Pendant 5 ans, elle travaille comme secrétaire pour une compagnie d’assurance-incendie de Montréal.
À 22 ans, Marcelle entre au noviciat des SNJM. Dès son postulat, elle est envoyée en mission au Pensionnat Sainte-Émélie où elle enseigne l’anglais. À sa prise d’habit, elle reçoit le nom de sa mère : M.-Irène-de-Jésus. Après ses premiers vœux, sœur Irène est nommée pour l’enseignement au cours primaire puis au cours classique et collégial, dans des écoles publiques de Montréal et dans des pensionnats, tout en poursuivant des études classiques et universitaires. Ses spécialités : anglais, chimie, mathématiques. Pendant plus de vingt ans, des jeunes filles bénéficient d’un professeur ardent, précis, clair, compétent, attentif. Elle est ouverte à l’actualité, intéressée aux événements du monde, à l’histoire universelle, comme aux besoins contemporains.
La reconnaissance de talents exceptionnels chez sœur Marcelle incite les autorités à la charger des finances de la Congrégation. Et c’est ainsi qu’elle assume la responsabilité de trésorière générale de la Congrégation SNJM avec quatre supérieures générales, de 1971 à 1980 et de 1989 à 1994. Au regard de sa tâche, sœur Marcelle apporte le témoignage suivant :
« J’ai appris dans toutes mes activités qu’il faut savoir sur qui l’on s’appuie, quels sont les objectifs poursuivis, les moyens dont on dispose et qu’il faut tout mettre en œuvre pour réussir malgré les difficultés. Ne pas avoir peur de ramer contre le courant, mais s’appuyer sur le Seigneur qui donne l’audace, le courage et la ténacité. Si tout réussit selon les plans prévus, personne ne se souviendra d’avoir lutté contre les projets. »
En 1974, sœur Marcelle préconise la comptabilité par fonds, par programmes, ce qui alors est nouveau. Elle avait été agente de changement au Collège Durocher en informatisant tous les services, en négociant la première entente collective des écoles SNJM au Québec, mais sans syndicat, sur la bonne foi des deux parties seulement. Durant ses mandats au généralat, elle contribue à bâtir l’unité entre les provinces de la Congrégation, plus spécialement par les contacts réguliers entretenus avec chacune et l’établissement des fonds spéciaux de la Congrégation.
En 1991, sœur Marcelle témoigne de sa vision du « village global » qui devient plus réel avec les années et de son sens de la mission : « Des personnes en mouvement, en recherche, dans l’espoir de se refaire une vie, d’assurer un avenir à leurs enfants, viennent en grand nombre comme immigrants ou réfugiés s’établir chez nous. Le grand défi est d’apprendre à communiquer avec ces cultures si variées et si différentes des nôtres. Nous avons l’occasion d’écouter, de guider la foi, l’espérance de ces fils et filles de Dieu, de développer des collaborations dans les domaines que nous connaissons mieux, éducation, alphabétisation, évangélisation, de faire naître des solidarités réelles fondées sur un partage en profondeur des valeurs qui imprègnent la vie de ces laissés-pour-compte dans nos pays d’abondance relative. »
Lorsque le moment de la retraite arrive pour sœur Marcelle, elle poursuit son engagement. Ses champs d’intérêt sont si variés qu’elle trouve difficile de se limiter. En plus des finances locales, et d’autres services communautaires, elle avait été très active au Centre canadien d’œcuménisme et engagée aussi auprès des femmes violentées en participant à la mise sur pied du premier centre, Inter-Val. Elle a poursuivi l’étude des langues commencée dès sa jeunesse, particulièrement l’espagnol. Malgré l’œil perdu dans son enfance, et l’autre qui diminue sensiblement sœur Marcelle, demeure sereine et lucide. Droiture sans failles, mémoire prodigieuse, discrétion absolue, engagement total, d’aucuns retiendront le souvenir de cette femme qui a remis sa vie au Seigneur un jour de Noël.