Sœur Charlotte Leduc

« J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger… » (Mt 25, 35ss)

 

Le 14 août 2024, sœur Charlotte Leduc,

en religion M.-Paul-de-la-Trinité,

s’est endormie dans l’espérance de la résurrection.

 

Elle avait 100 ans, dont 80 de vie religieuse.

Née à Valleyfield, au Québec, elle était l’aînée des 10

enfants de Charles-Yvon Leduc et de Berthe Poirier.

Charlotte grandit dans la paroisse cathédrale Sainte-Cécile à Valleyfield. Son père, dynamique et débrouillard, est contremaître à la Montreal Cotton. Sa mère, timide et discrète, est proche de ses enfants. « C’est elle qui nous apprend à prier : le soir, elle nous réunissait autour d’elle pour faire la prière. »

Charlotte fréquente l’école dite d’Application où les normaliennes font leurs premières armes, puis, après le feu, elle continue à l’école Sainte-Cécile où elle bénéficie d’une éducatrice chevronnée, Berthe Monette dont l’influence va jusqu’à initier les jeunes à la méditation. « C’est elle qui m’invite à rencontrer les sœurs pour leur parler de mon désir de me faire religieuse. J’avais ce désir depuis jeune enfant : être une religieuse enseignante. Plus tard, au secondaire, les sœurs SNJM ont entretenu ce désir. Les retraites faites avec le cardinal Léger (Paul-Émile) ont aussi contribué à m’orienter. C’était difficile de laisser maman avec une grosse famille. »

À 18 ans, Charlotte entre au noviciat des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM) à Outremont. Habituée à prendre des initiatives dans l’action catholique, sœur Paul-de-la-Trinité trouve astreignants les multiples règlements de ses années de formation. Après un temps d’enseignement au cours primaire dans des écoles de Montréal et des études universitaires, en 1951, Charlotte est demandée pour les missions du Lesotho en Afrique. Elle s’y dévoue pendant 10 ans. De retour au Québec, elle enseigne particulièrement l’anglais dans plusieurs écoles du cours secondaire et complète un baccalauréat ès arts.

En 1970, elle est demandée pour le Cameroun. Elle y demeure huit ans. « J’y ai enseigné l’anglais comme langue seconde. Mes plus belles années sont celles où j’ai enseigné au Séminaire. » De retour au Québec, elle étudie en pastorale et travaille comme traductrice. En 1980, Haïti a besoin d’elle pour y diriger l’école primaire à Gros-Morne. Elle construit aussi une école ménagère pour dames et jeunes filles. En 1987-88, elle retourne pour six mois au Lesotho. Le grand désir de sa vie : « aller vers les plus pauvres. » Désormais, ce seront les missions du Québec qui recevront son zèle.

Sœur Charlotte s’offre pour du bénévolat à la Maison Jonathan qui propose de l’aide aux décrocheurs. Elle recevra le témoignage suivant d’une admiratrice : « Depuis 10 ans, Charlotte s’est engagée à éduquer avec conviction les jeunes de la Maison Jonathan. (…) Ta soif de vivre m’impressionne, ton goût d’apprendre, de découvrir, de t’intéresser à tout, m’alimentent. Ta foi profonde, ta confiance envers les autres m’interpellent. Ton engagement sincère envers les causes, les débats de l’heure, les choix environnementaux, résonnent dans mon cœur, dans ma tête. Merci pour ton humour rafraîchissant, ta répartie intelligente… »

Après la pastorale à l’Hôpital St Mary’s et la catéchèse dans deux paroisses, on retrouve sœur Charlotte, en 2011, à la Maison Jésus-Marie et bientôt à l’infirmerie, « admirablement autonome jusqu’à ses 100 ans… Malgré un caractère fort, elle était toujours reconnaissante et appréciait ce que nous faisions pour elle », témoigne son infirmière. « Elle s’est éteinte tout doucement pour se retrouver auprès de Dieu qui lui a ouvert les bras. »