Un geste pour les enfants que l’on souhaite plus que symbolique…

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Récemment, une délégation de quelques enfants de la Maison des enfants Marie-Rose (MDEMR) s’est rendue à la mairie de Beauharnois pour apporter une chaise spécialement décorée au maire, Alain Dubuc. 

Ce dernier avait lancé l’invitation voilà plusieurs mois à l’équipe de la MDEMR afin d’assurer une présence symbolique des enfants aux séances du conseil municipal. Par cette présence, le maire Dubuc souhaite ainsi rappeler à toutes et tous que les décisions prises doivent l’être en prenant conscience du présent et du futur des enfants de Beauharnois.

La demande s’est transformée en projet pédagogique. Avec l’aide de Janine Lefebvre, fondatrice de l’organisme à but non lucratif et de bénévoles, les jeunes ont vu leurs efforts couronner de succès. Ils étaient bien fiers de leur réussite tout en espérant que la présence de cette chaise constitue plus qu’un symbole.

Des jeunes affamés

Car la majorité des jeunes, bénéficiant du soutien de la MDEMR, ont faim! Plusieurs souffrent de détresse, à la fois alimentaire, affective et financière.

La réalité frappe l’imaginaire des adultes de la MDEMR en ces temps difficiles. Que dire à une enfant qui n’a rien à manger le matin ou un autre qui a réussi à trouver un oignon pour son petit déjeuner! On comprend mieux pourquoi la trentaine d’enfants qui viennent dîner à la Maison des enfants Marie-Rose dévorent littéralement leur repas en plus de manger les douzaines d’œufs, un aliment jugé trop cher pour bien des parents, selon les dires de quelques enfants.

La situation est d’autant plus difficile que le milieu scolaire n’offre plus depuis quelques années, le service des « petits déjeuners ». Cet arrêt, jumelé à la situation économique actuelle, ajoute une pression supplémentaire aux parents qui n’arrivent plus à nourrir leur famille. À la fin des classes, une quinzaine de jeunes se retrouve à la MDEMR pour des activités artistiques et éducatives et une collation qui leur sert souvent de repas. Une certaine discipline est imposée aux participants des ateliers d’arts et de musique limitant le nombre de participants à un maximum de 20.

Un rôle essentiel

Dans un tel contexte, la Maison des enfants Marie-Rose réussit à combler les besoins de certains jeunes avec son offre de services complète. Outre les dîners et les collations après les classes, l’organisme propose de nombreuses activités culturelles et artistiques qui favorisent le développement des jeunes. Les enfants bénéficient du soutien indéfectible de toute l’équipe composée de bénévoles, de personnes immigrantes provenant de l’Afrique qui possèdent des compétences comme institutrices.

Ces dernières sont en phase d’intégration à la société québécoise. Certaines d’entre elles profitent du partenariat avec Service Québec qui subventionne leur salaire. Il faut également souligner la présence de deux travailleuses sociales qui apportent leur aide de façon ponctuelle. Lorsque des enfants affirment spontanément « ici, on se sent toujours respecté », on comprend le rôle primordial de cette ressource à la population beauharlinoise.

« Nous aimerions accueillir plus d’enfants, mais nous n’avons pas les fonds nécessaires pour embaucher du personnel qualifié et offrir des services de qualité », mentionne Janine Lefebvre, personne associée SNJM, qui poursuit son travail bénévolement après avoir cédé la direction à Fanny de Roussan.

Développement de sources de financement

Au-delà de la réussite éclatante de ce projet de rénovation de plus d’un million de dollars sans déficit du manoir Ellice, il y a bien des défis à relever pour le maintien de ce nouveau lieu de création et de diffusion des arts dont toute la communauté de Beauharnois bénéficie désormais. Outre les frais d’entretien et les salaires de quelques personnes, il y a ceux reliés directement aux besoins alimentaires. Les frais de ceux-ci ont augmenté considérablement ces dernières années.

Des activités sont organisées régulièrement comme les soupers-conférences 5 à 7, les Marchés de Noël et du printemps ouvert aux artisans locaux et régionaux et les soirées jazz pour financer les activités courantes. Des initiatives personnelles de la part d’individus ou d’entreprises de Beauharnois sont à saluer. Ainsi une citoyenne a pris en charge l’organisation d’une journée spaghetti, fort réussie. De son côté, l’entreprise Automobiles Bégin a décidé de recueillir des fonds lors de sa campagne annuelle de lumières de Noël en décembre dernier. Elle a ainsi versé 4000 $ à la MDEMR.

En parallèle, la directrice Fanny de Roussan a multiplié les contacts pour mousser la location des locaux du manoir qui constitue l’un des plus beaux lieux de Beauharnois. C’est une source de revenus non négligeables qu’elle espère doubler dans les prochaines années. En attendant, il lui faut reprendre le bâton de pèlerin pour solliciter des dons et des subventions dans l’espoir d’obtenir une aide récurrente qui viendrait consolider les assises de l’organisme.

À la recherche d’un soutien récurrent

La particularité de la mission de la MDEMR, à vocation éducative, sociale et culturelle, semble la disqualifier de nombreux programmes de subventions actuels. Sans se décourager, la directrice espère pouvoir influencer les décideurs à revoir leurs critères restrictifs qui exclut une ressource, tout aussi précieuse, que certaines autres largement subventionnées en pédiatrie sociale.

Alors que tout le monde s’accorde pour affirmer l’importance du bien-être des enfants, l’équipe de la MDEMR souhaite que la communauté de Beauharnois, sous le leadership de la mairie déjà convaincue par la cause, se mobilise pour soutenir financièrement l’organisme. À l’heure actuelle, la MDEMR constitue une oasis de paix précieuse pour les enfants et un exemple pour plusieurs autres régions.

Source photo : Maison des enfants Marie-Rose