Beaulne, Micheline – Aller à la rencontre des familles …

… une mission en faveur de relations durables et d’épanouissement réciproque

 « Les couples m’ont appris ce qu’était la prière », signale avec un brin d’esprit, Sr Micheline Beaulne en expliquant ce qu’elle a découvert entre autres, de son engagement au sein du Centre de services à la famille à Ottawa. Pour bien expliquer son idée, elle présente une analogie avec le couple qui s’embrasse ou la mère qui sert son enfant contre elle, qui ferme les yeux, qui est centrée sur cet instant où plus rien d’autre n’existe, si ce n’est le bonheur du moment présent. « C’est ça la prière, fermer les yeux, être en silence devant Dieu et vivre le bonheur de cette relation au fond de soi. »

Fondatrice du Centre de services à la famille créée à Ottawa voilà déjà 25 ans, Sr Micheline Beaulne a mis sur pied un programme de préparation au mariage, toujours bien ancré dans le milieu aujourd’hui. Au-delà de sa tâche d’encadrement des couples bénévoles dans les préparatifs des sessions, elle a grandement apprécié les côtoyer. Elle a pris conscience que « l’essentiel dans la communication n’est pas toujours le contenu du message, mais plutôt la relation entre les deux individus pour rejoindre le cœur de l’autre. »

Partageant ses réflexions, Sr Micheline, précise « l’amour humain est centré sur l’autre. » Tout en insistant sur l’importance de tisser des liens, elle ajoute « la relation avec Dieu nous ramène à l’intérieur de nous-même. Elle est source de grand bonheur », pour autant qu’on s’accorde ce temps d’intériorité alors que la société nous amène à vivre dans l’action perpétuelle. « On ne vit plus aujourd’hui, on survit », affirme celle qui célèbrera ses 80 ans au cours de l’été.

La famille, un pivot dans notre société

Interrogée sur les raisons qui l’ont amenée à relever le défi de créer un tel centre de services à Ottawa, Sr Micheline fait valoir deux éléments qui s’avèrent être au cœur de tout son parcours.

« Je crois que tout part de la famille. Encore aujourd’hui, je constate comment les blessures de l’enfance peuvent avoir des conséquences énormes sur la vie de chacune et chacun. » Avoir la chance de s’attaquer à un levier primordial de la société s’est avéré très stimulant et source de création de services pour elle.

L’autre aspect relève davantage d’une « flamme intérieure ». Dès l’âge de 4-5 ans, se rappelle Sr Micheline, elle a été attirée par « l’infini ». Alors qu’aujourd’hui on ne cesse de mettre de l’avant le combat contre la pollution pour favoriser un développement durable, elle parle de combattre « la pollution du cœur humain ». Une pollution alimentée par la société de consommation, par la course contre le temps et la peur de l’inconnu et de l’avenir.

« Pendant qu’on cherche le bonheur à l’extérieur de nous par cette quête du prestige et de l’argent, notre intérieur se vide », déplore-t-elle. C’est sans prétention qu’elle a tenté, par ses actions au sein du Centre, de contrer les effets dévastateurs de ce « vide intérieur » et de donner un sens à cet « infini ».

« J’veux pu vivre… »

Il faut dire que le chemin de vie de Sr Micheline a été marqué par un suicide et une tentative de suicide de deux élèves alors qu’elle était enseignante dans un pensionnat à Montréal. Ce sont d’ailleurs ces événements qui l’ont incitée à aller parfaire ses connaissances. Elle a ainsi obtenu une maîtrise en accompagnement humain et spirituel, suivie d’un baccalauréat en philosophie.

Ce séjour de quatre ans à Ottawa a changé son destin. Elle a d’abord œuvré au sein de l’Office de la famille du diocèse d’Ottawa avant d’être choisie pour démarrer le Centre de services à la famille, six ans plus tard.

Entendre de la bouche d’un élève de 4e année « j’veux pu vivre » a de quoi remuer bien des souvenirs et servir de moteur pour changer les choses. La création du programme « Grands-parents à l’écoute » a eu pour effet de contrer en partie cette problématique tout en faisant découvrir les plaisirs de la lecture aux enfants.

Tisser des liens

Ce programme de lecture dans les écoles publiques et catholiques d’Ottawa réunit des adultes de 30 à 85 ans dont plusieurs sont des femmes d’ambassadeurs, aux horizons multiples. Il a des retombées énormes sur la réussite de tous ces jeunes issus d’un milieu défavorisé, en plus de faciliter l’établissement de liens.

« Il faut voir les enfants se jeter dans les bras des bénévoles. Les jeunes les aiment tout comme les professeurs », mentionne-t-elle avec fierté. Les relations qui se tissent ainsi au fil des rencontres font en sorte que les jeunes préfèrent assister à ces rendez-vous réguliers plutôt que d’aller voir un spectacle de marionnettes!

Sr Micheline se rappelle également l’expression de joie sur leur visage et les commentaires incrédules des enfants lorsqu’ils reçoivent un livre à l’occasion de la fête de la lecture, organisée une fois par an, avec l’appui du Mouvement Desjardins. « C’est à moi ce livre? » « Je peux vraiment l’apporter chez nous? » a-t-elle maintes fois entendue. Des propos qui indiquent bien l’apport de ce programme dans la vie de ces jeunes.  

Développer sa capacité d’émerveillement

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces 20 années d’engagement au Centre, dont la concrétisation de son idée d’un programme d’apprentissage du français aux parents et enfants immigrants dans les écoles publiques.

Invitée à parler de l’élément qui l’a motivée tout au cours de ces années, Sr Micheline parle de son admiration pour ses collègues de travail, les bénévoles, les jeunes couples et les enfants. Une admiration qui a eu pour effet de leur donner confiance, qui fait abstraction aux blessures et errances pour les encourager à découvrir leur noyau intérieur. Elle souligne également son désir de cultiver « la capacité d’émerveillement même dans le désordre, dans le tumulte, dans les ruptures. »

Son approche a sans aucun doute porté fruit si l’on en juge les liens encore très étroits qu’elle entretient avec bon nombre de bénévoles qui correspondent avec elle ou la visitent. Un groupe est même venu d’Ottawa pour l’amener aux festivités des 25 ans, l’an dernier.

Alors qu’elle affirme qu’elle « n’a plus l’âge d’enfanter mais plutôt l’âge de savourer », Sr Micheline souhaite continuer à servir autrement. Elle entrevoit avec plaisir d’aller à la rencontre des adolescents de 14 à 18 ans à La Maison Jonathan, un organisme pour contrer le décrochage scolaire, tout en rendant service dans sa communauté.

Pour en savoir davantage sur tous les services offerts par l’organisme Centre de services à la famille, consultez leur site Web (en français seulement).