Sœur Yolande Henri

« Comme l’argile est dans la main du potier, ainsi vous êtes dans ma main » (Jér 18, 6)

 

Le 9 mars 2022, sœur Yolande Henri,

en religion M.-Éveline-Thérèse,

s’est endormie dans l’espérance de la résurrection.

 

Elle avait 94 ans, dont 72 de profession religieuse.

Née à Saint-Roch-de-l’Achigan, elle était la 2e des

sept enfants de Rémi Henri et d’Éveline Beaudry.

 

Le père de Yolande était meunier, propriétaire du réputé Moulin Bleu, à Saint-Roch-de-l’Achigan. Ses enfants se suivent dru : Yolande a quatre ans et trois bébés viennent après elle.

Un témoin raconte :

« Yolande vécut chez mon oncle et ma tante de l’âge de quatre à six ans. Selon son dire, il y avait trop de bébés chez elle. Et quand le temps d’aller à l’école arriva, ses parents décidèrent de la rapatrier! Quel chagrin, elle se plaisait tellement chez ma tante, même si celle-ci était un peu sévère. Elle fut remplacée par sa sœur Thérèse qui venait d’avoir ses quatre ans.

Yolande fréquente l’école rurale puis va au couvent de Saint-Roch-de-l’Achigan dirigé par les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, « où elle n’avait pas d’ennemis. Elle accueillait toujours chaleureusement toutes ses compagnes, pas de distinction entre ses amies. Élève appliquée, ordonnée, studieuse, je n’ai jamais vu notre professeure adresser une réprimande à Yolande. Enjouée, rieuse, un peu espiègle, elle aimait taquiner. » Ainsi témoigne une compagne de l’époque, qui, de sa vie religieuse, a porté le même témoignage.

Yolande entre au noviciat des SNJM à 20 ans. Elle y reçoit le nom de sœur Éveline-Thérèse. Religieuse, elle poursuit ses études tout en enseignant, d’abord au cours primaire aux écoles Cherrier et Bruchési et au Pensionnat de Saint-Timothée, pour un total de 10 ans. Après une année d’études, elle revient à Saint-Timothée, au cours secondaire, puis à Valleyfield et au Pensionnat du Saint-Noms-de-Marie, à Outremont, totalisant 28 années.

Professeur attachée à ses élèves et aimée d’elles, elle est heureuse de partager ses connaissances et de les préparer à la vie. « Je garde un très bon souvenir : Une ‘prof.’ de cœur, remplie de compassion », témoigne une élève de 1960. Une autre de 1986 écrit : « En mathématiques, elle nous enseignait les angles, les mimant avec ses bras et nous invitant à mimer nous aussi; je me suis servi du même moyen avec mes enfants : angles aigus, obtus, droits. Inoubliable! »

En 1988, sœur Yolande, tout en continuant d’être auprès des jeunes, travaille à la bibliothèque des élèves. C’est le début d’une nouvelle orientation. Pendant plus de 20 ans, sœur Yolande rayonne comme aide-bibliothécaire au Saint-Nom-de-Marie, à la Maison-mère et à la résidence Marie-Rose-Durocher. De là, elle s’activera aux Archives de la Congrégation à Longueuil, tout en continuant à la bibliothèque de la Maison Jésus-Marie, zélée, parfois jusqu’à 23 heures. 

Avec ses compagnes religieuses, sœur Yolande garde le même accueil chaleureux. Elle a vécu à Bellerive et Édouard-Montpetit. Heureuse de faire plaisir, elle ne mesquine pas sa peine. Elle aime jardiner, cuisiner, tenir maison. En 2016, la Maison Jésus-Marie la reçoit : les conséquences d’un AVC requièrent des soins. Malade docile, sœur Yolande aurait aimé pouvoir parler. D’une prière confiante, elle redit : « Père, je suis ton enfant! » et c’est ainsi que Dieu l’accueille dans sa simplicité généreuse.