Sœur Rose-Éva Cadorette
« Quand tu pries, retire-toi dans ta chambre et prie ton Père qui est présent dans le secret » (Mt 6, 6)
Le 29 novembre 2022, sœur Rose-Éva Cadorette,
en religion M.-Bernard-Eugène,
s’est endormie dans l’espérance de la résurrection.
Elle avait 100 ans, dont 76 de profession religieuse.
Née à Chartierville, Québec, elle était la 8e des 14 enfants
d’Eugène Cadorette et d’Edwidge Landry.
Rose-Éva fréquente l’école du rang jusqu’à l’âge de 14 ans. Elle grandit heureuse à la maison. Les enfants savent bien s’amuser entre eux. La maman leur apprend à coudre et à cuisiner. Le père est entrepreneur dans les chantiers pour la coupe du bois. Rose-Éva prend soin des plus jeunes quand maman est absente. On prie ensemble.
À 20 ans, Rose s’engage comme cuisinière à l’hôtel du village. En 1944, l’aînée de ses sœurs, Jeanne, déjà sœur des Saints Noms de Jésus et de Marie lui écrit : « Sais-tu que ce serait le temps, pour toi, de te décider à orienter ta vie? » C’est le coup décisif : Rose-Éva pensait déjà à la vie religieuse. En juillet, elle rejoint sa sœur en communauté. Elle a 22 ans.
À sa prise d’habit, sœur Rose-Éva reçoit le nom de M.-Bernard-Eugène. Elle a déjà l’habitude de réserver du temps pour prier seule dans sa chambre. Ses premières nominations la désignent comme cuisinière. Ce sera son principal service dans de grandes maisons pendant 38 ans : Maison mère, École normale de Valleyfield, Institut Jésus-Marie et Vincent-d’Indy. Femme travaillante, responsable, d’organisation, de relation, toujours de bonne humeur, sœur Rose-Éva est appréciée de tous, sœurs et employés.
Vient le temps de changer d’emploi. Sœur Rose-Éva est chargée de la maintenance et de réparations majeures à Valleyfield et au Saint-Nom-de-Marie. Onze ans se sont écoulés. Elle revient à la maison mère : « On m’a confié les réparations de machines à laver, aspirateurs, frigidaires, le magasin des articles de lavage. À la maison mère, tu accumules, cumules les responsabilités. Ainsi va la vie! Mon loisir : je tricote pour les pauvres de sœur Claire Dupuis, à Saint-Henri. Auparavant, c’était de sortir, de magasiner avec des compagnes. » Sœur Rose-Éva exerce ses talents à la procure et participe aux préparatifs pour la fermeture de la maison mère et le déménagement à Longueuil.
On la retrouve à l’entretien de la résidence Marie-Rose-Durocher où elle continue de rayonner par la qualité de sa présence. À 95 ans, elle est accueillie à l’infirmerie de la Maison Jésus-Marie. De moins en moins mobile, elle demeure lucide, priante et intéressée aux autres. À 100 ans, elle peut redire le témoignage exprimé en l’an 2000 : « Je suis très heureuse d’avoir fait fructifier en communauté des talents déjà développés à la maison et que j’avais reçus de mes parents. J’ai été très heureuse. J’ai fait ce que j’aimais. » Au moment des funérailles, l’hommage est palpable : famille, consœurs, anciens employés célèbrent son amour de Dieu et du prochain.