Sœur Marie-Jeanne Dessureault
« Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40)
Le 6 août 2020, sœur Marie-Jeanne Dessureault,
en religion M.-Edmond -du-Crucifix,
s’est endormie dans l’espérance de la résurrection.
Elle avait 97 ans dont 73 de profession religieuse.
Née à Villemontel (Abitibi), Québec, elle est la 2e des 15 enfants
d’Edmond Dessureault et de Graziella Couture.
Marie-Jeanne naît et grandit dans une terre de colonisation. Son père, chef de gare, a quelques employés, la famille habite la gare. Il n’y a pas de village. Sa première année d’école, elle la doit à son père qui a préparé un petit local dans la gare. Les enfants du voisin y viennent, tous dans la même division, le plus vieux ne sait pas écrire. À 12 ans, classée en 4e année, elle devient pensionnaire à Saint-Tite. Les deux années suivantes, elle est externe à La Tuque, chez les Sœurs de l’Assomption de la Sainte-Vierge, c’est là, à 14 ans, qu’elle sent l’appel à la vie religieuse.
A la maison, « la pratique religieuse est presque héroïque: lever à 4h., voyage en train, attente à la gare que les portes de l’église s’ouvrent à 6 h. On se réchauffe pendant la première messe et on entend la 2e. En été, trajet à pied parfois, il n’y a pas de chemin ouvert et on est à trois milles et demi de La Tuque. Le père au nom de la famille ne manque jamais la messe dominicale, tandis que les autres y vont quand c’est possible. En famille on récite le chapelet. »
Marie-Jeanne aime beaucoup l’école, mais étant l’aînée des filles, à 14 ans, elle reste à la maison pour aider sa mère aux tâches ménagères et à celle de l’éducation des frères et sœurs qui se suivent de près. « Pour les 21 ans de Marie-Jeanne, ses parents organisent une grande fête : banquet, danses. On lui achète un beau costume. Marie-Jeanne se dit qu’elle ne le portera pas : elle vient passer une semaine à Montréal, chez sa tante religieuse au pensionnat d’Outremont, » elle y fait une retraite de trois jours. Acceptée comme postulante, elle entre au noviciat en septembre 1944.
Les moments difficiles n’entament pas sa volonté: elle veut être religieuse. À sa prise d’habit, elle reçoit le nom de son père: Edmond-du-Crucifix. Ses premières nominations la font alterner à la buanderie entre la Maison mère, le couvent de Viauville, et la Maison mère pour un total de 28 ans : longues journées d’un travail pénible où la fatigue s’accumule. Son désir : devenir infirmière. A 57 ans, elle aide enfin aux infirmeries, se formant par la pratique. Pendant 25 ans, elle se dépense comme aide-malade auprès des sœurs des séniorats Jésus-Marie et Sacré-Cœur. Sœur Marie-Jeanne est appréciée : « Elle est tellement fine! », disent les sœurs. Simplicité, sincérité, sérénité, dévouement colorent son quotidien. La bonne humeur, les réparties généreusement teintées d’humour la caractérisent et allègent les souffrances des autres.
Lors de la fermeture de la Maison mère, elle fait partie du groupe de SNJM qui réside à Cartierville chez les Sœurs de la Providence. Après deux ans, elle rejoint la Maison Jésus-Marie à Longueuil. Pendant 13 ans, même lorsqu’elle devient souffrante, elle demeure une « super agréable compagne », souriante, très attentive à l’autre, reconnaissante en tout.
À 97 ans, elle est prête à remettre sa vie à Dieu par les mains de la Sainte Vierge qui l’a toujours accompagnée.