Sœur Juliette Marquis
» Seigneur, ajoute un couvert à ta table, tu auras aujourd’hui un convive de plus ».
Le premier août 2014, sœur Juliette Marquis,
en religion, Luc-de-Marie,
est entrée à la maison du Père.
Elle avait 105 ans dont 85 ans de profession religieuse.
Née à l’Isle-Verte (Rivière-du-Loup) au Québec,
le deux novembre 1908, baptisée le lendemain, à l’église St-Jean-Baptiste de l’Isle Verte,
elle est la deuxième des quatorze enfants de
Luc Marquis et de Emilia Lévesque.
Née de « parents foncièrement chrétiens », Juliette grandit paisiblement dans son village natal où elle poursuit ses études jusqu’à la sixième année. A l’âge de douze ans, étant l’aînée des filles, elle doit abandonner l’école pour aider sa mère lors de la naissance de Jeanne d’Arc, onzième enfant de la famille: trois autres suivront. Juliette est heureuse de le faire, elle est « en parfaite santé, aimant le travail manuel et la lecture ».
Chaque semaine chez les Marquis, on reçoit l’édition hebdomadaire du journal « La Presse » de Montréal. En 1925, paraît une annonce: « Communauté enseignante », une grande photo de Mère Marie-Rose et un sous-titre: « Open House », Maison-mère des SNJM, à Outremont, Montréal ». C’est ainsi que Juliette rencontre Mère Marie-Rose pour la première fois et que naît son désir de devenir religieuse. Elle s’empare de la feuille et la monte à sa chambre. Elle a seize ans et demeure à trois cent milles de Montréal. Elle parle à Mère Marie-Rose et lui confie son secret: « que j’aimerais faire une sœur comme elle. Je lui demande de tout arranger pour moi ». Après beaucoup d’hésitations, elle en parle à ses parents. La première objection: « Tu n’as pas d’instruction et tu veux faire une sœur dans une communauté enseignante? Que vas-tu faire là? » La réponse est spontanée: « Dans une grande maison, il y a sûrement du travail que je suis capable de faire.
Le vingt-deux juillet 1927, Juliette se présente au noviciat SNJM à Outremont. Les premiers mois de postulat et de noviciat sont un peu difficiles: ennui et adaptation à une vie nouvelle. Grâce à Mère Marie-Rose qu’elle visite souvent, Juliette persévère dans son choix et le vingt-six août 1929, elle prononce des vœux temporaires pour trois ans. Mère Marie-Odilon alors supérieure générale, la nomme pour les missions du Manitoba, le départ est prévu pour le vingt-huit août!
Du travail, elle en a, responsable de la cuisine dans nos grandes maisons durant quarante-cinq ans, dont vingt-cinq ans au Manitoba. Elle devient ensuite couturière durant 17 ans, puis engagée dans divers services communautaires surtout auprès de nos sœurs malades à la Maison-mère. À quatre-vingt-dix-sept ans, elle est nommée à la Maison Jésus-Marie, à Longueuil, au Pavillon Saint-André, où elle se consacre au ministère de la prière.
La vie de sœur Juliette peut se résumer ainsi: sens des responsabilités, ténacité, amour de son travail et souci des autres, humour et surtout, un grand esprit de foi. « Le Seigneur m’a toujours secourue » écrit-elle, « je lui dis: Quand j’ai fait tout ce que je peux, à vous de faire le reste ». C’est ainsi que, avec grande joie, le Seigneur l’a accueillie à sa table, dans sa grande maison, après une longue vie tout donnée à Dieu et aux autres.
Trois des sœurs de sœur Juliette sont devenues religieuses: Cécile (sœur Marie-de-Jésus, s.s.r.) décédée; Marie-Thérèse, (sœur M.-Laurent-du-Sauveur, snjm) décédée. Toutes nos sympathies vont à sœur Jeanne-d’Arc (S. M.- Cécile-Emilia, snjm) qui réside à la Maison Jésus-Marie.