Sœur Gertrude Charlebois

« Je le rassasierai de longs jours et je lui ferai voir mon salut » (Ps 91, 16)

 

Le 8 mars 2021, sœur Gertrude Charlebois,

en religion M.-Marguerite-de-l’Enfant-Jésus,

s’est endormie dans l’espérance de la résurrection.

 

Elle avait 103 ans, dont 82 de profession religieuse.

Née à Vaudreuil-Dorion, Québec, elle est l’aînée des

2 enfants d’Édouard Charlebois et de Marguerite Laurin.

Gertrude a un an et demi quand, âgée de 21 ans, sa mère décède. Son père se remarie et ajoute 12 autres enfants dont 6 décèdent en bas âge. À 5 ans, Gertrude est placée à l’orphelinat des Sœurs Grises (Pensionnat St-Benoit), elle y demeure jusqu’à l’âge de 11 ans, puis devient pensionnaire à Valleyfield chez les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie.  Elle apprécie la formation reçue, mais elle aime particulièrement ses professeurs, dont sœur Marie-Salvator. À la maison, elle ne se sent pas aimée par sa belle-mère et en restera marquée pour la vie. Elle retient que ses parents sont profondément pieux, sévères, respectueux des prêtres et des religieuses.

À 19 ans elle entre au noviciat des SNJM, à sa prise d’habit, elle reçoit le nom de sa mère Marguerite auquel s’ajoute « -de- l’Enfant-Jésus ». La jeune religieuse aime apprendre et poursuit avec intérêt des études universitaires; elle veut certes améliorer sa compétence, mais surtout combler les lacunes psychologiques et affectives de sa relation avec une mère absente.

Des nominations successives l’amènent dans 26 des maisons de la Congrégation à travers le Québec, elle y enseigne de la 1re année du cours primaire à la 11e générale du cours secondaire. Avec les petits, elle est aussi responsable du chant et de la Croisade Eucharistique. Avec les plus grandes, elle se spécialise dans l’enseignement de la catéchèse et du français. Son désir : éduquer les jeunes filles afin que mieux préparées, elles puissent servir la société. Elle porte une attention particulière aux défavorisées – « Héritage de mon père très bon pour cette classe de la société », confie-t-elle.

Au cours de ces années, sœur Gertrude témoigne de ses intérêts multiples. Elle bénéficie de quelques grands voyages: le Québec, l’Europe et l’Ouest canadien. Ses prières préférées sont celles du Bréviaire. La lecture de biographies, d’histoire, de spiritualité alimente sa mission d’enseignante. Elle aime l’artisanat, elle s’exprime agréablement par l’écriture.

Après 33 ans de service dans les écoles, sœur Gertrude s’oriente, pendant quatre ans, vers la catéchèse aux adultes et la pastorale auprès des personnes âgées, « Mon désir: que les personnes âgées du Centre-Sud (lieu de mon action) se rapprochent de plus en plus de la vie éternelle, en toute sécurité. » Lorsqu’elle réside à Sainte-Émilie (34 ans), tout en rendant des services communautaires, elle garde un bénévolat à la paroisse Saint-Vincent-de-Paul, puis à l’Escale Notre-Dame. Tous les avant-midis, elle assure une présence auprès d’hommes en réinsertion sociale, logés au presbytère Saint-Clément. Elle les aime et ils l’aiment, ils tiennent à elle au point de faire une démarche auprès de sa supérieure : « Cette femme-là, ne nous l’ôtez pas, ne la changez pas pour une autre. » Sœur Gertrude a une façon directe de communiquer. Habile en couture, elle répare leurs vêtements… Elle note: « Les pauvres sont évangélisés », c’est l’idéal de mon action apostolique. Avec Jean XXIII, je contribue à rajeunir notre Mère la Sainte Église. »

À 93 ans, elle est accueillie à l’infirmerie de la Maison Jésus-Marie. Vouée au ministère de la prière, elle remercie pour le don de sa vocation active longtemps vécue. Dieu lui donnera encore 10 ans pour parfaire l’amour de son cœur. Il vient la rappeler à Lui à l’âge de 103 ans.