Sœur Germaine Lavallée

« Je t’ai appelée par ton nom, tu as du prix à mes yeux et je t’aime » (Is. 43, 1–7)

 

Le 16 mai 2021, sœur Germaine Lavallée,

en religion M.-Fernande-Antoinette,

s’est endormie dans l’espérance de la résurrection.

 

Elle avait 96 ans, dont 76 de profession religieuse.

Née à Ste-Élisabeth de Joliette, Québec, elle est la 9e

des 10 enfants d’Arthur Lavallée et d’Antoinette Bellerose.

Germaine n’a pas encore deux ans lorsque, à la naissance de son dernier enfant, sa mère décède. Elle fera l’expérience, avec un frère, d’être adoptée par un oncle, mais comme ce dernier la trouve difficile, trop agitée, il la rendra à sa famille. Pour la petite, ce sera vécu comme un rejet. L’aînée des filles, à 14 ans, sert de mère aux plus jeunes. Le père, homme énergique et courageux, est cultivateur comme le seront ses trois fils. La prière du soir et le chapelet se disent à genoux, en famille. Le dimanche, on remplit la voiture à cheval pour aller à la messe à 4,5 milles. Ceux et celles qui sont restés à la maison récitent le chapelet.

Germaine fréquente l’école du rang durant ses sept premières années scolaires. Elle va ensuite au pensionnat des Sœurs de la Providence à Sainte-Élisabeth pour ses 8e et 9e années. C’est alors qu’elle vit chez sa sœur Fernande. Puis les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie de Saint-Barthélemy la reçoivent pendant quatre mois. Elle confie: « L’esprit qui régnait dans cette communauté m’a attirée ». C’est ainsi qu’à 17 ans et demi, elle entre au noviciat des SNJM à Outremont. À sa prise d’habit, elle reçoit le nom de sœur Fernande-Antoinette.

Dès ses premières années d’enseignement, sœur Fernande commence à se perfectionner en suivant les cours nécessaires à sa profession. De la 1re à la 7e année, elle laisse sa marque, particulièrement à l’Épiphanie, Ville Lasalle et surtout Saint-Bruno pendant 20 ans. Si ses élèves la trouvent exigeante, par la suite, elles témoignent d’avoir été bien préparées à faire face aux difficultés.  Auprès des enfants du cours primaire, elle apporte sa bonté, sa sensibilité, un certain perfectionnisme et son désir de leur inculquer le goût de la recherche et de la vie chrétienne.

En 2017, une ancienne élève témoigne: « Sœur Germaine — “Fernande” —, m’a initiée à méditer. C’était alors qu’elle était vraiment toute jeune, une âme de prière. Elle m’a enseigné en 6e et 7e année à l’école de l’Immaculée à LaSalle, en 1956-1958. Elle nous formait à la prière et aux vertus chrétiennes: la modestie, l’humilité, l’obéissance avec la fameuse phrase de mère Marie-Rose: “On est toujours en sécurité quand on obéit”. C’était l’époque où je rêvais de devenir une SNJM. »

Après 40 ans, une année sabbatique à Cap-Rouge près de Québec, met fin à sa carrière d’enseignante et lui permet un ressourcement bien apprécié. Deux retraites de 30 jours, qu’elle qualifie de « magnifiques » lui apportent l’expérience profonde de l’amour du Seigneur.

De retour pour partager la vie communautaire au presbytère Saint-Josaphat puis à la résidence Saint-André, elle œuvre comme aide-bibliothécaire au Collège Durocher pendant 16 ans, auxquels s’ajoutent petit à petit des services de secrétariat puis de conductrice automobile, totalisant 22 ans.

Dans ses temps libres, sœur Germaine s’adonne à la peinture à l’huile, à la confection de cartes artisanales, dont les profits de vente sont destinés aux missions. Elle aime le chant choral, la musique, la lecture spirituelle. Puis la résidence Marie-Rose-Durocher reçoit sœur Germaine qui y apportera les mêmes services pendant 10 ans. Elle investit cœur et énergie, participe pleinement à la vie de la communauté et se renouvelle dans son leitmotiv: « Ce que vous avez fait aux plus petits de mes frères et sœurs, c’est à moi que vous l’avez fait ».

Sa santé se dégradant, sœur Germaine est reçue à l’infirmerie de la Maison Jésus-Marie. La diminution de ses forces physiques alliées à une épreuve morale sérieuse rend son vécu quotidien très pénible. Après huit ans de souffrance, ses tout derniers jours, ouverts à la rencontre du Seigneur, regagnent en sérénité. Que la contemplation de son Amour la comble de joie!