Sœur Gabrielle Hallé

« L’œil n’a pas vu ce que Dieu réserve pour ceux qui l’aiment. » 1 Co, 2, 9.

Le 14 janvier 2013, sœur Gabrielle Hallé,
en religion Marcellin-Marie
est entrée à la maison du Père.

Elle avait 94 ans dont 65 de profession religieuse.
Née à Valleyfield, Québec, 
elle est la 13e des 16 enfants 
de Marcellin Hallé et de Lydia Hainault.

A trois ans, Gabrielle est hospitalisée à l’Institut Nazareth de Montréal : la rougeole a atteint ses yeux. Diagnostique : l’enfant ne verra jamais clair. Revenue chez elle, la petite grandit, souffre de la lumière qui l’aveugle. A l’école, elle est intéressée, studieuse et entourée. Loin de se plaindre, elle développe de la reconnaissance : « Ce sont des années de bonheur et d’attentions de la part des élèves et des institutrices. Que d’actes de bonté tout le long de mon primaire ».

Deux années d’École normale chez les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie : travail ardu mais Gabrielle retient les souvenirs des services reçus de ses compagnes et de ses professeurs. A la demande de sa mère, elle cesse ses études et demeure à la maison. « C’est ici que le bon Dieu m’attend », note-t-elle : pendant plusieurs années, j’ai fait de la J.O.C.(Jeunesse ouvrière catholique), jusqu’à mon entrée en communauté. Pourtant, devenir religieuse à l’exemple de mes soeur Blanche et Marguerite, je croyais que ce n’était pas pour moi. A 26 ans, j’obtins le certificat de santé » nécessaire pour entrer au noviciat SNJM .

Pendant 35 ans, soeur Marcellin-Marie enseigne, avec tout son cœur, et malgré son insuffisance visuelle, aux enfants des classes primaires, de la 2e à la 6e année. « J’aime mes élèves, je les comprends, parce que j’ai eu des difficultés, je leur facilite les choses.» Charlemagne, L’Épiphanie, Verchères, Contrecoeur, Beauharnois, profitent de son dévouement et de sa compétence. A sa retraite de l’enseignement, les parents de l’École Jésus-Marie de Beauharnois témoignent : « Sœur Gabrielle fut d’un secours très appréciable dans sa profession, elle l’a toujours exercée avec tant d’amour, de bienveillance et de régularité auprès des jeunes. Nous voulons lui prouver notre profonde gratitude et graver la fleur de notre admiration. »

Soeur Gabrielle prend sa « retraite », à 63 ans, pour se dévouer au service de sa communauté, à Valleyfield et à la Maison mère. « Personne n’essaie de la suivre toute une journée sans se sentir essoufflé…» « Vie religieuse fervente, toute donnée généreusement et gaiement. Cheminant avec le cancer, elle lutte de toutes ses forces, sans changer sa vitesse de croisière au travail.» « Gabrielle est une nerveuse qui se réfugie dans la prière. Elle est tombée en amour avec la prière de confiance de Charles de Foucauld. »

Les onze dernières années de sa vie,  soeur Gabrielle est à l’infirmerie : selon son expression, elle  laisse Dieu « mener la barque ». De plus en plus mal voyante, elle regarde les événements avec les yeux de l’intérieur, se préparant à rencontrer son grand Nautonnier.