Sœur Béatrice Héon

« Ta Parole comme un feu dévorant» (Ps 18, 9)

Le 8 mars 2012, sœur Béatrice Héon,
en religion M.-Thérèse-de-la-Providence,
est entrée à la maison du Père.

Elle avait 97 ans dont 73 de profession religieuse.
Née le 9 mars à St-Louis-de-France, Québec, 
elle était la dernière des 9 enfants d’Octave Héon et d’Anny St-Arnault.

Béatrice a trois ans au décès de sa mère. Plus tard, elle aimait à rappeler, qu’à partir de ce moment, c’est elle qui « menait » son père! Après l’obtention de son brevet supérieur à l’École Normale St-Joseph de Hull, à 20 ans, elle enseigne 2 ans. Six de ses sœurs aînées l’ont précédée chez les Sœurs de la Charité d’Ottawa. La «p’tite», comme on l’appelait dans la famille, suivra-t-elle ses aînées? Que non! Elle tient à tracer sa propre voie. Elle entre chez les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, tout en demeurant toujours très proche de sa famille.

Sœur Thérèse-de-la-Providence enseigne avec dynamisme et succès pendant près de 40 ans. Elle sait interpeller comme assistante de JEC (Jeunesse étudiante catholique). Elle s’implique en pastorale paroissiale. Sa facilité d’expression orale et écrite est claire, incisive, percutante. À son neveu pensionnaire au séminaire elle écrit : « Profite de tes vacances pour faire un voyage en Haïti: ça distrait des filles et ça ouvre des horizons sur les besoins de l’humanité. »

A 61 ans, sœur Béatrice, animatrice locale SNJM, collabore à l’Office des religieux du diocèse de Montréal. C’est le début de multiples engagements qui s’échelonnent sur plus de 30 ans. Charisme de pionnière, d’entraîneuse, personnalité avant-gardiste, Béatrice a perçu les besoins du milieu, a répondu rapidement à Vatican II.

Elle ouvre maintenant des voies à l’implication sociale : réconforter des prisonniers, assister des sidéens, militer dans le mouvement pour l’abolition de la torture ACAT, cofonder le Centre de formation d’ateliers communautaires pour familles monoparentales, présider le comité Justice et Foi du Plateau, soutenir la maison de l’Aurore pour les personnes âgées, organiser des activités dramatiques, assister le Père Jacques Nourrissat,  assumer la co-responsabilité du Service miséricorde aujourd’hui, écrire des chroniques dans le semainier paroissial, animer les messes et les offices religieux de la paroisse St Sacrement, participer au comité logement Centre-ville…

A 80 ans, elle suit un cours d’informatique, et y découvre, dit-elle « un stimulant de vie, à en perdre le sommeil ! Je m’émerveille devant le génie humain avide de dépassement, cette vie montante née d’une soif d’infini, cet Homme à l’image du Créateur, incarnation de la Bonté, de la Beauté, de l’Innommable.» Elle fonde au Québec, anime et coordonne, pendant ses 12 dernières années actives, l’ « Association des Amis de Maurice Zundel » dont les groupes se multiplient : « Même si mes pas s’alourdissent… s’amenuise ma vision, diminue mon audition, se désagrègent mes os…. Je le redis sincèrement, je n’ai jamais été aussi heureuse et libre. »

Suite à une chute, les dépouillements inévitables seront difficiles pour sœur Béatrice. Deux ans et demi s’étirent avant qu’elle ne rencontre enfin la Parole qu’elle a aimée et proclamée avec tant d’ardeur.