Bilan impeccable face à la COVID-19 à la Maison Jésus-Marie : une réussite d’équipe!

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Les sacrifices des sœurs résidentes et les efforts consentis par le personnel ont été récompensés en regard de la récente rétrospection de la pandémie à la Maison Jésus-Marie. Ce bilan impeccable : aucune sœur n’a été infectée ou décédée de la COVID-19 jusqu’à maintenant, est le résultat d’une multitude de petites et grandes décisions et de gestes faisant appel au gros bon sens jusqu’à la grande rigueur, en passant par le dévouement.

Constituée d’un pavillon pour des personnes autonomes et d’un autre, considéré comme un milieu de soins jusqu’aux soins palliatifs, de type CHSLD, la Maison Jésus-Marie héberge au mois de mars 2020 quelque 140 religieuses. La présence de deux femmes expérimentées dans leur domaine respectif : gestion de risques et contrôle des infections a son mot à dire dans les mesures qui seront mises de l’avant pour protéger les résidentes de la COVID-19.

Interrogées sur ce long parcours de combattantes qui les a obligées à mettre leur vie personnelle sur pause pendant plusieurs mois, Geneviève Grégoire, directrice générale et Amélie Rivard, directrice des soins infirmiers, soulignent tout d’abord leurs compétences respectives avant d’admettre qu’elles ont été profondément motivées par l’objectif ultime partagé par tous à la MJM : la sécurité des sœurs et du personnel. Ce désir profond les a amenées à exercer une vigilance dès le mois de février 2020, avant même que la Santé publique du Québec sonne l’alarme.

Une longueur d’avance

Ces quelques semaines en avance auront été profitables pour notamment s’approvisionner en matériel sanitaire supplémentaire. Elles auront aussi permis d’établir un premier plan de match en concertation avec le groupe des huit sœurs responsables de diverses unités, les membres du conseil d’administration et le personnel. D’ailleurs « écoute et transparence » ont été les mots d’ordre de ces deux gestionnaires durant toute cette période. Une approche qui a porté des fruits, lors de l’imposition de contraintes très exigeantes, et qui reste bien présente encore aujourd’hui.

Alors qu’il n’y avait encore aucune directive émise à l’égard des CHSLD de la part des autorités gouvernementales, le duo de gestionnaires a d’abord statué qu’on appliquerait à la MJM les mesures exigées à un établissement de type CHSLD. Dans la semaine qui a suivi l’annonce du confinement provincial en mars 2020, elles mettaient en place deux mesures, bien avant les autorités québécoises, soit celle du port du masque et l’interdiction de circuler entre les étages et les pavillons.

Cette annonce a bien sûr bousculé les habitudes de vie et exigé une adaptation de la part des sœurs qui en vivront de nombreuses autres par la suite. Il faut comprendre que les résidentes se fréquentent d’un pavillon et d’un étage à l’autre pour socialiser et s’entraider. Le choc de l’annonce passé, quelques-unes ont alors mis la main à la pâte en s’installant aux machines à coudre pour confectionner des masques.

Vigilance et communication

Pour créer un esprit de corps et rallier tout le monde aux mesures sanitaires, mesdames Grégoire et Rivard ont adopté la formule de la conférence de presse bihebdomadaire en utilisant le système de la télévision en circuit fermé de la MJM. Ainsi, tous les mardis et jeudis, elles faisaient le point sur la situation, exposaient le résultat de leurs analyses, répondaient aux questions formulées des résidentes reçues par le truchement d’une boîte aux lettres interne.

« Nous avons invité les sœurs à nous poser des questions et à nous faire part de leurs suggestions », relate madame Grégoire qui s’est fait un point d’honneur avec sa collègue et les responsables SNJM de pavillons, de tout lire et d’évaluer les éléments pour fournir des réponses claires.

De gauche à droite, Geneviève Grégoire, directrice générale; Philippe Le Maître, responsable des services alimentaires; Marie-Christine Rivard, directrice des service administratifs et Amélie Rivard, directrice des soins

Tout au long du confinement, le duo a évalué constamment les risques. « Nous avons essayé de prévoir ce qui pourrait arriver dans l’immédiat et dans les semaines à venir », ajoute Amélie Rivard. « Cette crise nous a invitées à sortir du carré de sable. Comme gestionnaires, il nous fallait penser en dehors de la boîte, gérer autrement pour nous aider à aller plus loin », explique Geneviève Grégoire.

La route a été semée d’embûches et les défis n’ont pas tardé à se multiplier. En même temps, cette période a permis de raffermir les liens entre toutes les personnes travaillant et résidant à la MJM. De la cuisine à l’entretien, en passant par les soins, toutes les personnes se préoccupaient des besoins des autres et des sœurs. « Nous avions une vision commune, celle de voir à la sécurité des sœurs et de tout le personnel. Tout le monde a été à l’écoute des préoccupations des autres. »

Elles tiennent d’ailleurs à souligner la contribution de leur collègue Marie-Christine Rivard qui « s’est démenée pour maintenir notre inventaire en EPI et soutenir nos efforts dans la gestion de la désinfection et de l’élaboration de la zone jaune et rouge. »

Un personnel collaborateur

Le bilan positif est une réussite de groupe, insistent d’ailleurs les deux gestionnaires. « Nous n’avons pas eu de difficulté à rallier le personnel », affirment-elles en signalant quelques faits révélateurs.

Ainsi, au moment de la pandémie, cinq employés devaient prendre leur retraite dans l’année. Ils ont plutôt reporté leur projet pour faire équipe avec les autres afin de faire face à cette crise sanitaire. Au moment d’écrire ces lignes, presque tout le personnel assujetti au décret a été complètement vacciné sur les 85 membres du personnel.

Cet attachement du personnel envers les sœurs s’explique en partie par les relations amicales nouées au fil des années. « Nous avons des employés qui travaillent pour les sœurs depuis 35 ans. Ils ont partagé bien des choses et vieilli avec elles », signale madame Grégoire.

L’environnement et les conditions de travail sont aussi des facteurs à considérer. Lorsque le gouvernement a haussé les salaires et offert des primes, la direction avait déjà décidé de modifier le statut des employés à temps partiel pour leur offrir un temps plein afin d’éviter que ces personnes se promènent d’un centre à l’autre. Elle a aussi accordé une prime à tout le personnel, pas seulement au personnel rattaché aux soins.

Beaucoup d’adaptation et de résilience

La vie en temps de pandémie n’a pas été un long fleuve tranquille à la MJM. Il y a eu quelques moments bien difficiles, dont celui où l’on a déménagé les sœurs d’une aile du deuxième étage pour aménager une zone rouge pour accueillir les cas COVID. Puis, après avoir surmonté les affres du confinement, la privation de visites des membres de leur famille, la limitation des sorties extérieures au terrain seulement, les sœurs ont dû faire preuve à nouveau d’une grande résilience au moment de la troisième vague alors qu’un membre du personnel a été infecté.

De l’avis des deux gestionnaires, ce fut le moment le plus éprouvant sur le plan humain pour les sœurs. L’imposition de règles extrêmement sévères de la Santé publique sans un brin d’humanité contrastait avec tout le climat serein vécu pendant les 11 premiers mois. Néanmoins, une équipe du CISSS de la Montérégie-Est est arrivée en renfort pour soutenir l’équipe en place submergée par les tâches supplémentaires. Confinées dans leur chambre, sans avoir accès aux toilettes, plusieurs sœurs ont dû utiliser des chaises d’aisance pendant 19 jours. Pour certaines, il y avait là atteinte à leur dignité. D’autres étaient peinées de toutes les tâches additionnelles imposées au personnel, dont celles de la distribution des cabarets aux chambres.

Là encore, l’équipe de direction a fait preuve d’ingéniosité. Elle a trouvé une solution pour favoriser l’interaction avec certaines sœurs atteintes de déficit cognitif qui ne pouvaient rester enfermées avec une porte close sans fenêtre. On a donc conçu une porte en Plexiglas pour permettre à ces personnes de voir les intervenantes et interagir sans risques. Cette solution « maison » originale a démontré au CISSS la capacité de la MJM à trouver des solutions inspirantes susceptibles de répondre à des besoins similaires dans d’autres établissements.

Rendre la vie agréable malgré tout

Les sœurs comme les membres du personnel ont été marquées par cette pandémie. Toutes et tous en ressortent changés et en même temps enrichis. « Nous avons appris à mieux nous connaître », avoue Geneviève Grégoire en se rappelant entre autres ces temps d’accompagnement des sœurs pour obtenir des soins à l’hôpital.

De gauche à droite, Sr Gabrielle Brunet, Marie-Ève Dupéré, conseillère en soins infirmiers; Sr Beverley Wattling, Philippe Lemaître, responsable des services alimentaires; Amélie Rivard, directrice des soins infirmiers; Geneviève Grégoire, directrice générale; Céline Latour, infirmière-chef; Sr Denise Riel, animatrice provinciale; Sr Michelle Gouin, Sr Marie-Paule Demarbre, Sr Jacqueline Longtin, Sr Hélène Harvey, Sr Suzanne Lavallée et Marie-Christine Rivard, directrice des services administratifs et installations matérielles.

Ces 20 mois ont forcé les sœurs à s’adapter, chose déjà difficile avec l’âge. Les responsables SNJM de pavillons ont néanmoins réussi à répondre à certains besoins en organisant dans les limites des consignes sanitaires, des petites activités pour « adoucir la vie des sœurs », mentionne Sr Marie-Paule Demarbre, coordonnatrice.

Par l’entremise de petites rencontres, elles ont aussi encouragé les résidentes à exprimer leurs attentes et à partager leurs réflexions pour mieux vivre cette période. Selon Sr Marie-Paule, « les divers moyens mis en place pour agrémenter la vie ont contribué à rendre les sœurs de plus en plus résilientes. »

S’il y a un seul élément à retenir de toute cette expérience, c’est sans aucun doute le sentiment que toutes et tous, peu importe leur statut au sein de la MJM, se sont engagés à 200 %.

Toutes et tous ont été unis pour la cause en y allant de leurs compétences et de leur bonne volonté. C’est sur les bases de cette réussite d’équipe que l’on entend continuer pour vivre la suite de cette pandémie avec un optimisme… modéré.