Le projet interculturel d’Huguette Fleurant : un milieu d’accueil pour grandir ensemble

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La présentation de Sr Huguette Fleurant sur le projet interculturel avec des femmes migrantes et réfugiées a été l’occasion de découvrir tous les défis à relever au quotidien par les participantes. En toute simplicité et avec bonhomie, Sr Huguette s’est acquittée de sa tâche de dévoiler les dessous d’un projet de vie qui ne faisait même pas partie de ses rêves lors de son arrivée au Manitoba, voilà sept ans.

Une vue partielle des participantes à la conférence de Sr Huguette Fleurant en mode virtuel.

Partie à Winnipeg pour une année sabbatique afin d’apprendre l’anglais, Sr Huguette s’est impliquée bénévolement quelques mois au sein de l’organisme House of Peace. C’est au cours de ces échanges qu’elle a eu l’idée. « Dieu m’attendait là. C’était un appel… », a mentionné Sr Huguette au moment d’expliquer comment elle a initié son projet interculturel. « J’ai découvert ma mission », a-t-elle révélé en parlant avec enthousiasme de ce projet de communauté de vie, de prière et de partage.

Les personnes qui font partie de cette communauté ne le font pas pour des économies financières. Tout le monde paie sa part pour l’hébergement, la nourriture et les services. « Nous avons la motivation de bâtir quelque chose : un milieu d’accueil » enchérit-elle.

« On se sent impuissante devant leur histoire »

Ce noyau de quelques femmes dont certaines ont vécu dans des camps de réfugiés, subi les affres de la violence gratuite dans ces lieux ou de la violence conjugale, sans oublier l’extrême pauvreté, démontre sa capacité à se prendre en main. « Nous nous regroupons pour se dire et être entendues », précise Sr Huguette.

Lia, Sr Huguette, Jenny et à l’arrière, Esther.

Sans l’aide des gouvernements, ce projet de vie interculturelle a rassemblé depuis ses débuts des femmes provenant surtout des Philippines, du Myanmar et de l’Érythrée. Des femmes fortes et persévérantes au bagage culturel distinct qui se sont donné une langue commune : l’anglais, tout en sachant qu’il n’est pas facile de traduire ou comprendre toutes les subtilités des vécus de chacune, dans une autre langue que la sienne.

Le défi, si grand soit-il, a le mérite d’amener les personnes à porter attention davantage à l’autre, à faire un effort supplémentaire pour mieux la comprendre. C’est d’autant plus exigeant que personne ne part avec les mêmes bases. « On se sent impuissante devant leur histoire », avoue Sr Huguette en parlant de cette « tristesse profonde » ressentie au contact de ces femmes réfugiées de camps où elles ont vu des soldats tuer des personnes sans raison.

Ce projet de vie interculturelle est aussi l’occasion de mieux cerner la réalité des personnes migrantes et réfugiées qui sont forcées de se déplacer pour des raisons de pauvreté, de malnutrition, de conflits politiques et autres. « Ces personnes marginalisées n’ont pas choisi d’être vulnérables. »

La beauté du projet est cette détermination des femmes participantes à être attentives « aux nuances des cultures des autres. » Malgré le défi constant pour essayer de mieux comprendre l’autre, les femmes expriment clairement leur désir de « vivre ensemble pour aller plus loin dans la culture de l’autre. » Cela nécessite une ouverture d’esprit, une patience pour faire attention à ce que l’on dit en parlant en termes de « je » et non de « tu » et à donner de l’espace à chacune. Ce désir est aussi alimenté par leur croyance en Dieu.

Une expérience enrichissante

La table représentative des demandes de prière.

Cette maison d’accueil a inscrit dans son horaire, une rencontre communautaire mensuelle de prière. Un temps d’arrêt pour soi et pour porter dans leurs prières, les demandes reçues au fil des jours. La gestion de conflits se fait au fur et à mesure. Il n’est pas question qu’une mésentente reste en suspens. Cela oblige toutes les participantes à parler ouvertement et à se réconcilier.

Au-delà des exigences d’une telle vie communautaire, il y a la richesse du partage, la valorisation des compétences et la générosité naturelle de chacune. Cette volonté de « cheminer ensemble et de grandir ensemble » qui s’inscrit dans l’esprit d’Emmaüs.

Ce projet interculturel a pu prendre naissance avec l’appui immédiat des deux équipes de leadership SNJM du Manitoba et du Québec. Les relations étroites avec les gens du milieu de Winnipeg et plus particulièrement du réseau de contacts de Lesley Sacouman de l’organisme House of Peace ont facilité plusieurs choses notamment lors du déménagement d’une maison à une autre et de son aménagement.

À la conclusion de cette conférence en mode virtuel de Sr Huguette Fleurant dans le cadre de la dernière rencontre de l’année du comité Justice et Paix SNJM du Québec, plusieurs sœurs et personnes affiliées SNJM parmi la cinquantaine présentes n’ont pas manqué de saluer le courage, l’ouverture et le cheminement personnel de la conférencière. « Bravo d’avoir été capable d’intégrer d’autres formes de culture et une langue », a exprimé l’une d’elles alors que la responsable provinciale du Québec a conclu sur ces paroles « Je te remercie de ce que tu es devenue. »